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Le Royaume du Baol

Le Royaume du Baol

Le Royaume du Baol

Le royaume du Baol en sérère (parfois écrit Bawol, en wolof : Bawal) est un ancien royaume du centre du Sénégal, issu de l'éclatement de l'empire du Djolof au milieu du xvie siècle. Les habitants du Baol sont appelés les Baol-Baol, dérivé de la méthode Sérères du pluriel.

Le royaume du Baol en sérère (parfois écrit Bawol, en wolof : Bawal) est un ancien royaume du centre du  Sénégal issu de l'éclatement de l'empire du Djolof au milieu du xvie siècle. Les habitants du Baol sont appelés les Baol-Baol, dérivé de la méthode Sérères du pluriel. D'autres exemples : « Sine-Sine » les habitants du Sine, le « Saloum-Saloum » les habitants de Saloum, « Djolof-Djolof », les habitants du Djolof, « Adior » les habitants du Cayor, etc. L'équivalent wolof est « wa » comme dans « wa Djolof ».
Le Baol d'aujourd'hui correspond approximativement à la région de Diourbel.
L'ancienne capitale du Baol était Lambaye. Le souverain portait le titre de teigne (tègne, teeñ ou tin).
La dynastie fondatrice du Baol était wolof et portait le patronyme Fall. Ils appartenaient à la même famille que la dynastie régnante du Cayor. À l'époque de l'éclatement de l'empire du Djolof en 1549, le Baol était dirigé par un lamane qui portait le titre de teigne, du nom de Niokhor Ndiaye Kouly Gnilane, oncle de Amary Ng né Sobel Fall, le premier Damel du Cayor. À la mort du teigne Amari Ngoné Sobel se rendit avec son armée au Baol, et prit, alors qu'il était déjà damel, le titre de teigne, devenant ainsi le premier damel-teigne. Bien avant l'arrivée des Fall au pouvoir, le Baol avait été gouverné par des teignes d'origine mandingue qui en sont les premiers occupants, puis par des Sérères de patronymes Diouf, Ngom, Faye, Thiaw, et ceci bien avant la domination des Wolofs de l'empire du Djolof. De ces premiers teignes d'origines mandingue et sérère, sont issus les grands lignages aristocratiques, ou dynasties, parmi lesquels tous les rois du Baol et de son voisin, le Cayor ont été élus, en particulier les lignages Wagadou, Guedj, Songno,Djonay, et il en existe d'autres. Tous ces lignages tirent leur origine des empires du Ghana, puis du Mali. C'est de la branche maternelle, appelée Meen, que l'on héritait du lignage, donc de la possibilité d'être élu teigne, la succession étant matrilinéaire.;.
L'organisation sociale et politique du royaume était très semblable à celle du Cayor. Le Cayor et le Baol ont rarement collaboré militairement. Les dynasties de ces deux États avaient des liens de parenté et les guerres fratricides étaient fréquentes. Plusieurs fois au cours des siècles, en particulier au xviiième siècle, le Cayor a réussi à vassaliser le Baol à la suite de guerres. Mbégane Ndour, premier Bour saloum, attaqua le Baol au xvie siècle dans le but d'installer sa dynastie Guelwar au pouvoir, il fut repoussé.
C'est sous le règne de Lat Soukabé, entre la fin du XVIIe et le début du xviiie siècle que le Baol atteignit ses limites territoriales maximales. À la bataille de Nganiane, celui-ci réussit à prendre des terres du nord du royaume du Sine dirigé par le bour Diogoye Ngilane Diouf. À la bataille de Gour Fouki Seur, le Baol gagna des territoires à l'est, en battant l'armée du bour Saloum. Le Baol fut, contrairement aux autres états sénégalais, pratiquement épargné par les guerres saintes que menaient les musulmans, ceux-ci y étant moins nombreux qu'au Cayor par exemple. Comme au Cayor, la traite atlantique initiée par les Européens, connaît une intense activité dans la région au xviiième siècle.
En 1854 Faidherbe arrive au Sénégal et une période de conquêtes succède aux échanges locaux. Aux yeux du colonisateur, le Baol doit devenir sûr, notamment pour faciliter la production et le commerce de l'arachide. Mais la résistance du royaume s'avère plus rude que prévu. Faidherbe signe un traité de paix avec le Teigne du Baol en 1859 et restreint son autorité. Les commerçants français sont favorisés et la construction d’un fort militaire à Saly, sur la Petite-Côte, est autorisée. D'autres accords suivent. Lorsqu'en 1871 les Français concluent un traité avec Lat Dior, le puissant damel du Cayor en profite pour annexer le Baol et cumuler le double titre de Damel et de Teigne. Sous son règne, le Baol avait retrouvé son indépendance.
En 1883 la France étend son protectorat sur le Baol grâce à un traité signé avec le Teigne Thiéyacine Fall. À la suite de troubles dans la région en 1890, celui-ci est déposé. Son successeur est entièrement acquis aux Français.
Quand Tanor Gogne Dieng, le dernier Teigne, meurt le 3 juillet 1894, il n'est pas remplacé et le Baol est alors divisé en deux parties, le Baol occidental et le Baol oriental. Cette date marque la fin du royaume historique.
D'abord rattaché à celui de Thiès, un cercle du Baol est créé le 17 mars 1908.
Le Baol était réputé pour ses chevaux, plus rapides et plus résistants que la plupart des races de la plaine. Les habitants du Baol étaient d'excellents cavaliers. Cette race de cheval rapide et résistant, typique du Baol et des pays wolofs et sérères, était le Mbayar, originaire d'une localité du même nom, un cheval de taille moyenne, svelte et racé.
Le peuple et l'organisation sociale
La plupart d'entre eux étaient d'origine wolof mais d'autres étaient des sérères, en particulier des membres des communautés  safène et none. Les Halpulaars (Peuls, Toucouleurs, Laobés) étaient aussi présents, tout particulièrement les Laobés, puis les groupes mandingues, surtout sarakolés Les premiers habitants du Baol sont les Sossés. Ils ont été repoussés plus au sud par les Sérères venant du Fouta Toro entre le XIe et le xiie siècle.
Les Sérères du Baol étaient concentrés au centre, à l'ouest et au sud près de la frontière avec le Sine. Un bon nombre étaient intégrés au milieu wolof. Les peuls présents partout étaient surtout présents au nord et à l'est, près de la frontière avec le Djolof, les Wolofs au nord et au centre, tout comme les Toucouleurs. Le baol est un lieu de grand brassage ethnique.
Les Wolofs ont imposé leur stratification sociale dans le royaume du Baol, avec la noblesse Géer d'où sont issus les Teigne, les Diambour nobles mais qui ne peuvent régner, les paysans agriculteurs Badolo simples hommes libres, les artisans Nyenyo et leurs différentes sous-castes, les laudateurs Gueweul, puis les captifs Diam. Les autres ethnies ont été intégrées dans ce type de hiérarchie sociale. Le Baol était divisé en lamanats, tous dirigés par un Lamane, qui rendaient tous leur impôts au Kangame, le chef des Lamanes. En temps de paix les soldats tiédos devaient assurer la sécurité dans le royaume. Chaque caste d'artisans avait son représentant, qui en cas de réclamation allait soumettre les volontés de ceux qu'il représentait aux lamanes, par exemple, le Fara teugchef des forgerons, Fara Woudé chefs des cordonniers, le Maalaw chef des Laobés. Le Dialigné chef des peuls ou Ardo, le Bissik chef des maures.
À la cour royale du Teigne, se trouvait une assemblée de notables, tous issus des grandes familles aristocratiques du royaume, les Garmi. Ensemble ils constituaient l'assemblée des grands électeurs qui élisaient les teignes. Ils pouvaient également le destituer de ses fonctions. Après le teigne, le Diaraf était le personnage le plus influent, il est le conseiller du roi et le remplace s'il s'absente.
  • Le Diaoudine Boul, représentant des familles Garmi.
  • Le Tialao, est l'héritier présomptif.
  • Le Fara Seuf, chef de la cour royale, il est chargé de la gestion du palais.
  • Le Kangame, chef des Lamanes qui contrôle les différentes provinces
  • Le Farba Kaba, chef des guerriers Tieddos.
  • Les Serignes représentaient les chefs des communautés musulmane auprès du teigne.
  • le Fara Jung Jung, chefs des griots royaux.
C'est à M'Beye que l'élection du teigne avait lieu.
Gestion territoriale
Le royaume était constitué d'une bande de terre située entre l'océan et Diourbel, au sud du royaume du Cayor et au nord du royaumAe du Sine, dont il était séparé par un territoire encore plus étroit, celui de la République de Ndhiéghem, habité par les Sérères Nones, réputés pour être très fiers, indépendants et belliqueux. Ils ont toujours été redoutés par la population.
Les provinces du Baol étaient nombreuses – environ une vingtaine – et toutes divisées en cantons. À la tête de chaque canton se trouvait un chef qui obéissait au grand lamane de la province :
  • Le Gewul, dont la lamane porte le titre de Tialaw Gewul. Cette province frontalière avec le cayor était considérée comme neutre, raison pour laquelle la plupart des batailles s'y déroulaient.
  • Le Kaba, cette province était dirigée par le Farba Kaba, chef des armées.
  • Le Laa, le lamane de la province est le Beersin Laa choisi parmi les familles Diouf, de nombreuses familles peulh habitaient la région.
  • Le Ngoy, le Buur Ngoy était le lamane de la province. Néanmoins les chefs sérères assistés de leur Saltigué, chef spirituel serere, avaient beaucoup d'influence politique.
  • Le Portudal, région contrôlée par l'alkier et ses tiedos, ici se trouvaient les comptoirs commerciaux et les ports du royaume. Des commerçants européens y avaient des résidences.
  • Le Mbadan, province à majorité sérère, région très rebelle. Le pouvoir royal avait du mal à y installer son autorité.
  • Le pays Safen, habité par les Sérères safen. Il existait encore une dizaine d'autres provinces.
Les villes de Touba et Mbacké faisaient partie du Baol, dont la famille du cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du mouridisme, est originaire. Son arrière-grand-père, Maharame Mbacké y fonda le Village Mbacké-Baol en 1789, après avoir reçu en don une parcelle de terre offerte par le Damel-teigne, Amary. Ndella Coumba Fall.
Les villes de Mbour et de Saly étaient les principaux ports et comptoirs avec lesquels les Européens commerçaient avec le Baol, qui vivait de l'agriculture, de l'élevage, de la traite atlantique et de divers produits comme la gomme arabique, le coton. L'alkier était le titre porté par le chef des comptoirs commerciaux, il exerçait pour le teigne.
Religion
Au Baol les Wolofs et les Sérères étaient le plus souvent de tradition tiédo. Parmi eux, certains étaient musulmans. Il en était de même pour les Peuls qui vivaient avec leur religion traditionnelle. Quant aux Sarakolés, ils étaient entièrement islamisés, ainsi que les Toucouleurs. Ces deux groupes ethniques appartenaient aux confréries Tidiane ou xaadir. C'est Cheikh Amadou Bamba, fondateur de la confrérie musulmane soufie mouride qui allait entraîner l'islamisation des Wolofs, des Sérères et des Peuls du Baol.
Souverains du Baol (Teignes)
  • 1790-1809 : Amari Ngoné Ndèla Koumba Fall (2e fois)
  • 1809-1812 : thiée Yassin Dieng Fall
  • 1812- 1815 : Thié Koumba Fatim Pènda Fall
  • 1815- 1825 : Amari Dior Borso Fall
  • 1825-1832 : Biram Fatma Thioubb Fall
  • 1832 : Ma-Kodou Koumba Yande Fall (1re fois)
  • 1832-1842 : Lat Jegeñ Fall
  • 1842 : Malik Kumba djaring Xuja Fall
  • 1842-1854 : Maysa Tènde Dior Samba Fall
  • 1854-1855 : Thié Yassin Ngoné Jegeñ Fall (1re fois)
  • 1855-1856 : Ma-Kodu Koumba Yande Fall (2e fois)
  • 1856-1860 : Thié Yassin Ngoné Jegeñ Fall (2e fois)
  • 1860 : Ma-Kodu Koumba Yandé Fall (3e fois)
  • 1860-1871 : Thié Yassin Ngoné Jegeñ Fall (3e fois)
  • 1871-1873 : Thié Yassin Dior Galo Gana Fall (1re fois)
  • 1873-1874 : Lat Dior Ngoné Latyr Diop
  • 1874-1890 : Thié Yassin Dior Galo Gana Fall (2e fois)
  • 1890-3 juillet 1894 : Taanor Goñ Dieng
 
 

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Ephémerides du jour

  • 27 Avril 2019
    Assemblée générale du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) à Kounjoughor convoquée par Salif SADIO, Chef du maquis, pour discuter de l'évolution du processus de paix avec l'État sénégalais.
  • 27 Avril 2019
    Aux championnats d'Afrique de judo organisés au Cap, en Afrique du Sud, Mbagnick NDIAYE est champion d'Afrique dans la catégorie des plus de 100 kg après sa victoire sur l'Algérien Mohamed Sofiane BELREKAA.
  • 27 Avril 2017
    Ouverture à Dakar des travaux de la 22ème Conférence des Directeurs des Douanes des régions Afrique de l'Ouest et du Centre (AOC). La conférence est composée de tous les Directeurs des administrations douanières membres ou de leurs représentants. Elle est présidée par un de ses membres désigné pour un mandat de deux (2) ans en qualité de vice-président du conseil de l'Organisation Mondiale des Douanes (OMD). 
  • 27 Avril 2017
    Jugé en appel pour crimes contre l'humanité devant un tribunal spécial à Dakar, l'ancien président tchadien Hissène HABRE (1982-1990), réfugié au Sénégal depuis sa perte du pouvoir, est condamné à la prison à vie.
  • 27 Avril 2015 Le Sénégal est le premier pays africain à commémorer l'esclavage et l'abolition de la traite négrière. Une loi avait été votée le 5 mai 2010 pour qualifier l'esclavage et la traite des noirs de crimes contre l'humanité.
  • 27 Avril 1998 Rappel à Dieu à l'âge de 61 ans au Caire, en Égypte, de Cheikh Mouhamed Nazir Ibrahim NIASSE, Directeur de l'Institut El Hadj Abdoulaye Niasse de Kaolack. Grand exégète du Saint Coran, il a contribué au développement de l'islam au Sénégal, en Gambie, au Nigéria et en Sierra-Léone où il a ouvert plusieurs écoles coraniques.
  • 27 Avril 1941 Naissance à Saint-Louis d'Aminata Sow FALL, femme de lettres et l'une des pionnières de la littérature africaine francophone. Son œuvre la plus connue, "La Grève des bàttu ou les déchets humains", lui a valu de remporter le Grand prix littéraire d'Afrique noire en 1980.
  • 27 Avril 1902
    Le métis de Saint-Louis François CARPOT est élu député du Sénégal à l'Assemblée nationale française. Il succède au Comte Charles D'AGOULT et sera réélu de justesse en 1906 avant d'être battu par Blaise DIAGNE en 1914.
  • 27 Avril 1887
    Signature d'un traité entre les Français et les maures Trarza interdisant à ces derniers de traverser le fleuve Sénégal et les obligeant à observer les règles du commerce de la gomme arabique.
  • 27 Avril 1848 Suppression du Conseil général au Sénégal. Le Conseil général du Sénégal ne comprenait que des représentants des quatre communes de plein exercice ( Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar). Il s'était réuni pour la première fois le 1er décembre 1840.
  • 27 Avril 1848
    Adoption par l'Assemblée nationale française du décret d'abolition de l'esclavage. Il avait fallu attendre plus d'un demi-siècle pour que fût signé le décret du 12 décembre 1905 pour la répression de la traite des esclaves dans toute l'Afrique Occidentale Française (AOF).