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Aline Sitoe Diatta (1910 - 1944)

Aline Sitoe Diatta

Héroïne Casamançaise

Née entre 1910 et 1920 à Kabrousse dans le quartier de Mossor, la fille de Silosia Diatta et d’Assonelo Diatta, est devenue le symbole de la résistance de la Casamance à toute forme de domination.
Avec la mort prématurée de son père elle sera prise en charge par son oncle paternel Elaballin Diatta. Très jeune, elle quitta son village pour aller travailler à Ziguinchor comme docker. Mais à cause des conditions de vie éprouvantes, elle va quitter la Casamance pour Dakar, où elle sera bonne à tout faire chez un colon du nom de Martinet, régisseur des produits de base dans l’Ouest africain. Elle devait avoir 18 à 19 ans.
Pour certains, elle eut sa première révélation en 1941 à Dakar, lui demandant de rentrer chez elle, d’où elle mènerait une lutte pour sauver le « Sénégal » du colon. D’autres sources précisent que c’est le 8 mars 1940, en se rendant au travail, qu’elle entendit une voix lui dire « Rentre chez toi, ou il t’arrivera malheur ».Mais elle n’a pas obtempéré. Au quatrième jour, à son réveil, elle constata qu’elle était paralysée. Elle sera ramenée en Casamance où la paralysie cessa dès son arrivée, mais elle en gardera des séquelles, notamment en boitillant.
Elle demanda à son peuple le refus catégorique de toute activité imposée par les colons (refus de payer l’impôt en espèces ou en nature, rejet de la culture d’arachide au détriment de celle du riz, recrutements/enrôlements pour la guerre) et engagea celui-ci sur le chemin de la résistance.
En outre, elle disait aussi être porteuse d’un message divin qui consistait en un retour aux sources. Ainsi, elle réhabilita l’ancienne semaine diola des 6 jours (5 jours travaillés et repos le 6e jour), ordonna des sacrifices, de nouvelles formes de prières, une nouvelle religion traditionnelle.
Faiseuse de miracles
Une sécheresse s’étant abattue sur son village, la population lui demanda d’agir. Pour certains, c’est après une concentration, suivie de ses incantations que la pluie vint, et que la sécheresse fut balayée. Pour d’autres, c’est après le sacrifice de bœufs noirs que les pluies bienfaisantes arrosèrent les rizières desséchées.
Elle fut aussi capable d’accomplir des miracles. Elle commença par guérir des malades rien que par une imposition de mains. Cela s’était produit presque à son insu. Elle rendait visite à une famille et, miraculeusement, dès qu’elle tournait le dos, un homme ou une femme alités retrouvaient leur entrain grâce à la poignée de main d’Aline.
Son nom se répandit dans toute la région. De nombreuses délégations villageoises se rendirent à Kabrousse pour la rencontrer. L’audience de la prophétesse ne cessa de croître car, en plus des différents miracles qu’on lui attribuait, son message de respect pour les traditions, touchait tous les groupes ethniques, quelle que soit leur obédience religieuse. Et comme l’ancien roi de Casamance était mort, et que son successeur ne pouvait être qu’une personne douée de pouvoirs surnaturels, on pria Aline Sittoé d’assumer la charge. Elle fut sacrée « reine » et beaucoup de monde venait en pèlerinage, ou pour faire les sacrifices qu’elle réclamait en vue du pardon divin (ou pour que la pluie tombe, etc.).
Rebelle et insoumise
Devant le nombre de plus en plus important de gens qui venaient en « pèlerinage » ou qui se réclamaient de ses « idées » ou qui désobéissaient aux toubabs, les colons sentant le danger grandir de plus en plus, se lancèrent à sa recherche...
L’administration coloniale décréta qu’elle était rebelle et insoumise, qu’elle prônait une
 insurrection rampante, qu’elle s’opposait à la France et qu’elle était à abattre.
 C’est ainsi que les soldats arrivèrent un jour où elle était en règles « menstruelles » (chez les diola, les règles sont considérées comme impures et la femme en règles doit, entre autres, quitter son domicile pour aller dormir dans un lieu réservé à cet effet). Ils tirèrent sur ceux qui se trouvaient dans les alentours tuant une femme qu’ils prenaient pour Aline Sitoé, (sa coépouse nous dit-on). Le lendemain, pour éviter que d’autres innocents furent tués, elle alla elle-même se présenter aux colons.
Aline Sitoé Diatta fut arrêtée, le 8 mai 1943. On mit aussi son mari aux arrêts. Il sera libéré des années plus tard. La reine-prêtresse de Kabrousse alla d’une prison à l’autre au Sénégal et en Gambie et finalement fut déportée à Tombouctou, au Mali, où elle sera déclarée morte en 1944. Elle a probablement succombé aux brimades, aux tortures aux privations de nourriture et au refus de la soigner lorsqu’elle tombait malade.
Aline Sitoé Diatta a donné son nom au nouveau ferry qui relie Dakar à Ziguinchor

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Ephémerides du jour

  • 23 Novembre 2023
    Inauguration par le Chef de l'État de la Maison de l'Organisation des Nations Unies (ONU) pour l'Afrique de l'ouest sise à Diamniadio. Bâtie sur une superficie de 13 hectares, le siège régional de l'ONU offre aux 34 Agences onusiennes représentées au Sénégal un cadre adéquat de travail pour faciliter leur interaction dans la complémentarité. Le projet a été initié par le gouvernement sénégalais en 2015.
  • 23 Novembre 2018
    Au palais de l'Élysée à Paris, le président français Emmanuel MACRON reçoit le rapport des experts Felwine SARR (Sénégal) et Bénédicte SAVOY (France) sur la restitution des oeuvres d'art africaines conservées sur le territoire de l'ancienne puissance colonisatrice. Ce rapport avait été commandité suite à la promesse faite par le Chef de l'État français lors de son allocution à l'Université de Ouagadougou le 28 novembre 2017.
  • 23 Novembre 1998
    Ouverture à Dakar par le Chef de l'État d'un séminaire sur le renforcement de la coopération entre les conseils économiques et sociaux d'Afrique de l'Ouest sous l'égide du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
  • 23 Novembre 1973
    Rappel à Dieu à l'âge de 89 ans d'El Hadj Sidy Lamine KOUNTA, Khalife général de la Khadrya de Ndiassane. Il avait succédé au Khalife Cheikh Al Békaye KOUNTA, rappelé à Dieu en 1929. El Hadj Sidy Lamine a été succédé par El Hadji Mamadou KOUNTA.
  • 23 Novembre 1912
    Institution d'un Administrateur Supérieur de la Casamance chargé d'assurer, sous la direction et le contrôle du chef de la colonie, l'administration générale du territoire. Les principales raisons étaient l'enclavement de la région prise en étau entre la Gambie britannique au nord et la Guinée portugaise au sud et l'éloignement de Saint-Louis la capitale de la colonie qui n'était pas reliée à la Casamance par la voie ferrée. L'emploi d'administrateur supérieur sera supprimé en 1939, les cercles de Sédhiou et Ziguinchor fusionnèrent et celui de Kolda fut maintenu.
  • 23 Novembre 1893
    Réglementation des écoles et organisation d'un corps d'instituteurs dans les Pays de protectorat. À une certaine époque, le système du protectorat avait été utilisé par la France sur des territoires africains en signant avec eux des traités par lesquels elle les protégeait tout en leur laissant une certaine autonomie.
  • 23 Novembre 1893
    Création d'un corps indigène de gendarmes à cheval par arrêté du gouverneur du Sénégal. Le premier détachement de gendarmerie du Sénégal a été créé le 28 février 1843 par le capitaine de vaisseau Édouard BOUET-WILLAUMEZ, à l'époque Gouverneur du Sénégal.
  • 23 Novembre 1847 Décès à l'âge de 35 ans de Monseigneur Benoit TRUFFET, Archevêque de Dakar et vicaire apostolique des deux Guinées. Il avait été succédé par Monseigneur Jean-Rémi BESSIEUX.