Ndaté Yalla Mbodj (1810 - 1860)

Reine du Walo
Alors qu'en France la citoyenneté féminine ne sera reconnue que 90 ans plus tard, ce n'est pas sans surprise que les Français découvrent que cette femme au beau visage et à la corpulence forte est à la tête d'une immense armée. Pour comprendre l'histoire de cette femme au courage absolu, il est nécessaire de rappeler qui était sa famille.
Ndaté Yalla vient de la famille Tédiek, une famille qui s’est enrichie au cours de son long règne en accumulant fortune et armes grâce à des échanges avec les comptoirs français. Notez qu'en ces temps là, les souverains sénégalais des Royaumes Wolofs portaient le titre de "Brack", et les mères ou soeurs des souverains étaient appelées "Linguères". Les linguères pouvaient succéder aux souverains et certaines dirigeaient elles mêmes leur armée.
A la mort du Brack Kouly MBaba Diop en 1816, sa cousine la Linguère Fatim Yamar Khouriaye Mbodj lui succède et décide d'élir son mari Amar Fatim Borso Brak du Waalo. C'est la première fois qu'une Linguère est en même temps l'épouse d'un Brack. Les Linguères étaient préparées à diriger leur peuple, politiquement et militairement. Elles étaient formées au métier des armes et savaient défendre le Royaume même en l’absence des hommes. Les Evènements de Nder en sont le meilleur exemple:
Le mardi 7 mars 1820, le Brack se trouve dans la ville de St Louis pour s'y faire soigner en compagnie des hauts dignitaires de sa cour. Les guerriers des deux états voisins, les Maures, profitent alors de son absence pour attaquer la capitale mais reculent très vite face à la riposte d'un groupement de femmes téméraires armées jusqu'aux dents et dirigé par Fatim Yamar elle-même. Lorsque les guerriers vaincus s'en retournent chez eux, leur orgueil leur pousse à revenir et à venir à bout de ces femmes audacieuses. Cette fois, l'armée féminine ne tient pas face aux hommes, la Linguère et ses compagnes préfèrent se brûler vives plutôt que faire face au déshonneur. Fatim Yamar décide de faire échapper ses deux filles de 10 et 12 ans, Djeumbeut et Ndaté Yalla, afin de perpétuer sa lignée. Eduquées en guerrières, les deux filles dirigeront plus tard le royaume.
Ndaté Yalla est la dernière souveraine du Waloo. Elle a succédé à sa soeur Djeumbeut juste après la mort de cette dernière le 1er Octobre 1846. Elle dirige le Royaume d'une main de fer et représente une vraie menace et une vraie source de problèmes pour les colons français à qui elle résiste fermement.
Normalement, lorsque les Français signent des accords avec le peuple Wolof, seuls des noms de Brack y figurent. Mais l'année ou Ndaté Yalla monte sur le trône, la signature d'une femme y figure, et c'est la sienne. La souveraine impressionne tellement les Français qu'ils se contentent de ne passer que par elle, ne donnant plus d'importance aux autres Bracks des Royaumes Wolofs. Il arrivait même que les lettres envoyées au gouverneur ne portent que la signature de Ndaté. Toutefois, Ndaté Yalla n'est pas dupe, elle savait faire preuve d'intelligence et de vigilence face aux propositions des occupants. On retient ce qu'elle écrira en s'adressant à l'Administrateur Faidherbe le 23 mai 1851:
« Le but de cette lettre est de vous faire connaître que l’Ile de Mboyo m’appartient depuis mon grand-père jusqu’à moi. Aujourd’hui, il n’y a personne qui puisse dire que ce pays lui appartient, il est à moi seule ».
Ndaté se considérait comme étant le seul souverain du Royaume du Waalo. Elle défiera les Français durant tout son règne et leur livrera une série de batailles acharnées. En 1847, elle réclame le passage libre de la population des Saraokés qui ravitaillent l'Ile de St-Louis en bétail. Dans sa lettre au gouverneur, elle écrira ceci:
«C’est nous qui garantissons le passage des troupeaux dans notre pays pour cette raison nous en prenons le dixième et nous n’accepterons jamais autre chose que cela. St Louis appartient au Gouverneur, le Cayor au Damel et le Waalo au Brack. Chacun de ces chefs gouverne son pays comme bon lui semble »
Ndaté n'hésitera pas à piller les alentours de St Louis et à menacer le Gouverneur verbalement ou par correspondance. Les Français réclameront un remboursement des dommages causés par les pillages mais Ndatté refusera catégoriquement et fièrement. Ainsi, elle finit par faire prévaloir ses droits sur l'Ile de Mboyo et l'Ile de Sor (actuelle ville de St Louis).
Le 5 novembre 1850 Ndaté interdit tout commerce dans les marigots de sa dépendance et pousse les Français au bout de ce qu'ils peuvent supporter. Faidherbe ordonne une bataille contre les troupes du Waloo qui cette fois sont battues face à la puissance technologique de l'ennemi.
Après avoir vaincu Ndaté Yalla, Faidherbe emmène son fils Sidya, qui n'a que dix ans à Saint-Louis pour le scolariser à l'école des otages. Ce que Faidherbe ignore c'est que l'enfant a déjà reçu une éducation semblable à celle qu'avait reçu sa mère. La reine a inculqué à son fils le sens de la fierté nationale et un esprit de stratège dès son plus jeune âge. L'enfant sera envoyé au Lycée Impérial d'Alger en 1861, et deux ans plus tard, demandera à Faidherbe de revenir au Sénégal. Ce dernier acceptera et baptisera le jeune homme Léon en devenant lui même son parrain.
Sidya n'a que 17 ans quand la colonie française lui confie le commandement du canton de Nder. Chose surprenante, le jeune homme refuse. En nationaliste initié par sa mère, Sydia décide de défier les Français. Il se débarrasse de tout ce qu'il a appris des Européens pour se tourner vers les traditions de son peuple et revêtir le vêtement traditionnel. Le fils de la reine porte des tresses de Thiédo que nous connaissons plus communément sous le terme de dread locks. Il se jure de ne même plus parler la langue des colons ni de porter leurs vêtements.
En novembre 1869, Sidya dirige une insurrection générale contre les français, ce qui entraîne de lourdes pertes du côté des troupes françaises. Il sera néanmoins traqué sans cesse par l’administration coloniale, et quand il arrive à Lat Dior pour concrétiser un front de libération nationale, il est trahi par ses guerriers qui le livrent au Gouverneur Valère à Saint-Louis le 25 décembre 1875. Sydia sera déporté au Gabon en 1876 où il meurt en 1878, à l’âge de 30 ans.
Que retenir de Ndaté Yalla Mboj? Une souveraine, une combattante, une résistante, une mère et une éducatrice. Et c'est exactement ce que les Sénégalais retiennent aujourd'hui de la Reine Ndaté Yalla Mboj, figure emblématique de la résistance coloniale du Sénégal, une Reine et Héroïne d'Afrique.
Petite histoire autour de cette représentation de Ndtaté Yalla Mboj où on la voit fumer sa pipe royale : Le 2 septembre 1850, l'abbé David Boilat assiste à une scène époustouflante et décide d'en capturer l'image. C'est elle, Ndaté Yalla, en train de fumer sa pipe d'honneur. Elle est entourée de plus de cinq cents femmes en tenues somptueuses, de princes et de guerriers.
source:reinesheroinesdafrique
Ndaté Yalla vient de la famille Tédiek, une famille qui s’est enrichie au cours de son long règne en accumulant fortune et armes grâce à des échanges avec les comptoirs français. Notez qu'en ces temps là, les souverains sénégalais des Royaumes Wolofs portaient le titre de "Brack", et les mères ou soeurs des souverains étaient appelées "Linguères". Les linguères pouvaient succéder aux souverains et certaines dirigeaient elles mêmes leur armée.
A la mort du Brack Kouly MBaba Diop en 1816, sa cousine la Linguère Fatim Yamar Khouriaye Mbodj lui succède et décide d'élir son mari Amar Fatim Borso Brak du Waalo. C'est la première fois qu'une Linguère est en même temps l'épouse d'un Brack. Les Linguères étaient préparées à diriger leur peuple, politiquement et militairement. Elles étaient formées au métier des armes et savaient défendre le Royaume même en l’absence des hommes. Les Evènements de Nder en sont le meilleur exemple:
Le mardi 7 mars 1820, le Brack se trouve dans la ville de St Louis pour s'y faire soigner en compagnie des hauts dignitaires de sa cour. Les guerriers des deux états voisins, les Maures, profitent alors de son absence pour attaquer la capitale mais reculent très vite face à la riposte d'un groupement de femmes téméraires armées jusqu'aux dents et dirigé par Fatim Yamar elle-même. Lorsque les guerriers vaincus s'en retournent chez eux, leur orgueil leur pousse à revenir et à venir à bout de ces femmes audacieuses. Cette fois, l'armée féminine ne tient pas face aux hommes, la Linguère et ses compagnes préfèrent se brûler vives plutôt que faire face au déshonneur. Fatim Yamar décide de faire échapper ses deux filles de 10 et 12 ans, Djeumbeut et Ndaté Yalla, afin de perpétuer sa lignée. Eduquées en guerrières, les deux filles dirigeront plus tard le royaume.
Ndaté Yalla est la dernière souveraine du Waloo. Elle a succédé à sa soeur Djeumbeut juste après la mort de cette dernière le 1er Octobre 1846. Elle dirige le Royaume d'une main de fer et représente une vraie menace et une vraie source de problèmes pour les colons français à qui elle résiste fermement.
Normalement, lorsque les Français signent des accords avec le peuple Wolof, seuls des noms de Brack y figurent. Mais l'année ou Ndaté Yalla monte sur le trône, la signature d'une femme y figure, et c'est la sienne. La souveraine impressionne tellement les Français qu'ils se contentent de ne passer que par elle, ne donnant plus d'importance aux autres Bracks des Royaumes Wolofs. Il arrivait même que les lettres envoyées au gouverneur ne portent que la signature de Ndaté. Toutefois, Ndaté Yalla n'est pas dupe, elle savait faire preuve d'intelligence et de vigilence face aux propositions des occupants. On retient ce qu'elle écrira en s'adressant à l'Administrateur Faidherbe le 23 mai 1851:
« Le but de cette lettre est de vous faire connaître que l’Ile de Mboyo m’appartient depuis mon grand-père jusqu’à moi. Aujourd’hui, il n’y a personne qui puisse dire que ce pays lui appartient, il est à moi seule ».
Ndaté se considérait comme étant le seul souverain du Royaume du Waalo. Elle défiera les Français durant tout son règne et leur livrera une série de batailles acharnées. En 1847, elle réclame le passage libre de la population des Saraokés qui ravitaillent l'Ile de St-Louis en bétail. Dans sa lettre au gouverneur, elle écrira ceci:
«C’est nous qui garantissons le passage des troupeaux dans notre pays pour cette raison nous en prenons le dixième et nous n’accepterons jamais autre chose que cela. St Louis appartient au Gouverneur, le Cayor au Damel et le Waalo au Brack. Chacun de ces chefs gouverne son pays comme bon lui semble »
Ndaté n'hésitera pas à piller les alentours de St Louis et à menacer le Gouverneur verbalement ou par correspondance. Les Français réclameront un remboursement des dommages causés par les pillages mais Ndatté refusera catégoriquement et fièrement. Ainsi, elle finit par faire prévaloir ses droits sur l'Ile de Mboyo et l'Ile de Sor (actuelle ville de St Louis).
Le 5 novembre 1850 Ndaté interdit tout commerce dans les marigots de sa dépendance et pousse les Français au bout de ce qu'ils peuvent supporter. Faidherbe ordonne une bataille contre les troupes du Waloo qui cette fois sont battues face à la puissance technologique de l'ennemi.
Après avoir vaincu Ndaté Yalla, Faidherbe emmène son fils Sidya, qui n'a que dix ans à Saint-Louis pour le scolariser à l'école des otages. Ce que Faidherbe ignore c'est que l'enfant a déjà reçu une éducation semblable à celle qu'avait reçu sa mère. La reine a inculqué à son fils le sens de la fierté nationale et un esprit de stratège dès son plus jeune âge. L'enfant sera envoyé au Lycée Impérial d'Alger en 1861, et deux ans plus tard, demandera à Faidherbe de revenir au Sénégal. Ce dernier acceptera et baptisera le jeune homme Léon en devenant lui même son parrain.
Sidya n'a que 17 ans quand la colonie française lui confie le commandement du canton de Nder. Chose surprenante, le jeune homme refuse. En nationaliste initié par sa mère, Sydia décide de défier les Français. Il se débarrasse de tout ce qu'il a appris des Européens pour se tourner vers les traditions de son peuple et revêtir le vêtement traditionnel. Le fils de la reine porte des tresses de Thiédo que nous connaissons plus communément sous le terme de dread locks. Il se jure de ne même plus parler la langue des colons ni de porter leurs vêtements.
En novembre 1869, Sidya dirige une insurrection générale contre les français, ce qui entraîne de lourdes pertes du côté des troupes françaises. Il sera néanmoins traqué sans cesse par l’administration coloniale, et quand il arrive à Lat Dior pour concrétiser un front de libération nationale, il est trahi par ses guerriers qui le livrent au Gouverneur Valère à Saint-Louis le 25 décembre 1875. Sydia sera déporté au Gabon en 1876 où il meurt en 1878, à l’âge de 30 ans.
Que retenir de Ndaté Yalla Mboj? Une souveraine, une combattante, une résistante, une mère et une éducatrice. Et c'est exactement ce que les Sénégalais retiennent aujourd'hui de la Reine Ndaté Yalla Mboj, figure emblématique de la résistance coloniale du Sénégal, une Reine et Héroïne d'Afrique.
Petite histoire autour de cette représentation de Ndtaté Yalla Mboj où on la voit fumer sa pipe royale : Le 2 septembre 1850, l'abbé David Boilat assiste à une scène époustouflante et décide d'en capturer l'image. C'est elle, Ndaté Yalla, en train de fumer sa pipe d'honneur. Elle est entourée de plus de cinq cents femmes en tenues somptueuses, de princes et de guerriers.
source:reinesheroinesdafrique
Autres personnages historiques du Sénégal
Ephémerides du jour
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2 Avril 2024
Cérémonie de prestation de serment devant le Conseil Constitutionnel au Centre des Expositions de Diamniadio du Président élu Bassirou Diomaye FAYE en présence de centaines d'officiels sénégalais et de plusieurs chefs d'État et de gouvernement africains. Succédant à Macky SALL qui a renoncé à un troisième mandat, il est le cinquième Président de la République du Sénégal depuis l'indépendance du pays en 1960. La passation de service a eu lieu dans l'après-midi au Palais de la République. Par décret du nouveau chef de l'État, Ousmane SONKO est nommé Premier ministre. Oumar Samba BA est reconduit au poste de secrétaire général de la Présidence qu'il occupe depuis 2020 tandis que le professeur Mary Teuw NIANE est nommé directeur de cabinet du Président de la République.
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2 Avril 2019
Après un premier mandat de 7 ans le président Macky SALL, réélu pour un second mandat de 5 ans, prête serment devant le Conseil Constitutionnel au CICAD de Diamniadio en présence de 19 Chefs d'État africains et de plusieurs délégations venues d'Afrique et des autres parties du monde. La durée du mandat présidentiel a été ramenée à 5 ans par le référendum du 20 mars 2016.
- 2 Avril 2017 En finale du tournoi des clubs champions des zones A et B de la Confédération Africaine de Football, l'US Gorée est battue par 2 buts à 0 au stade Demba Diop à Dakar par les ivoiriens de l'AS Tanda. Le tournoi était organisé par la chaîne de télévision Fox Sports.
- 2 Avril 2000 Constitution par le premier ministre Moustapha NIASSE du premier gouvernement de la première alternance au pouvoir qui comprend 27 Ministres issus des différentes composantes du Front pour l’Alternance (FAL) dont 5 femmes.
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2 Avril 1984
Inauguration des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) par le Président Abdou DIOUF. L'entreprise possède deux usines d’acide phosphorique localisées à Darou, dans la région de Thiès, et une usine d’engrais à Mbao, dans la banlieue dakaroise. En 1996 les ICS absorberont la Compagnie Sénégalaise des Phosphates de Taïba (CSPT) créée en 1957.
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2 Avril 1961
Premières décorations dans l'ordre national du Sénégal ; les premiers récipiendaires sont : Gabriel D'ARBOUSSIER, El Hadj Fallou MBACKÉ, El Hadj Seydou Nourou TALL, Lamine GUÈYE, Léopold Sédar SENGHOR, Mamadou DIA, Isaac FORSTER, Le Général Amadou FALL, Charles Henry GALLENCA.
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2 Avril 1959
Création de l'Agence de Presse Sénégalaise (APS). Elle a pour mission la collecte, le traitement et la diffusion de l'information et détient le monopole de la diffusion des informations distribuées au Sénégal par les agences de presse mondiales. À la suite de la réforme de 1972, les centres régionaux d'information intègrent l'agence et deviennent des bureaux régionaux couvrant la majeure partie du pays. Le premier directeur de l'agence est Georges GUIRAUD (1959-1961).
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2 Avril 1951
Approbation du marché de construction du Building administratif à Dakar par Paul BECHARD, Haut-Commissaire en Afrique Occidentale Française (AOF). Inauguré en 1954, l'immeuble de neuf étages a abrité les services administratifs centraux de la fédération jusqu'à l'indépendance puis différents départements ministériels. Rénové à la fin des années 2000, il a été baptisé du nom de Mamadou DIA, ancien président du conseil de gouvernement (1960-1962).
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2 Avril 1946
Léopold Sédar SENGHOR, Député du Sénégal à l'Assemblée nationale française, réclame l'égalité des droits pour tous, métropolitains et populations colonisées.
- 2 Avril 1928 Naissance à Matam de Cheikh Hamidou KANE, écrivain et haut fonctionnaire qui a aussi occupé des fonctions ministérielles. Son célèbre roman intitulé "L'Aventure ambiguë", qui lui a valu le Grand prix littéraire d'Afrique noire en 1962, est un classique de la littérature africaine francophone.